Midi Libre Alès a publié un série de portraits des candidats à l’élection municipale d’Alès.
Le portrait de Benjamin Mathéaud :
Alès : Benjamin Mathéaud, le candidat pressé
Ses détracteurs le décrivent en apparatchik du PS. Ses supporters intelligent et pragmatique. Portrait d’un jeune politique au sang froid qui se présente aux municipales.
Depuis quand pensez-vous à la mairie d’Alès ? » « Depuis que je suis en âge de me raser. » Assis au Milk-bar, le café voisin de sa permanence avenue de Gaulle, Benjamin Mathéaud rigole.
La référence au petit homme ambitieux qui voulait être président (et l’est devenu !) est bien sûr une boutade. Nicolas Sarkozy et Benjamin Mathéaud ne sont pas du même bord politique et ne jouent pas dans la même division.
Mais le parallèle, toutes proportions gardées, est bien choisi. Benjamin Mathéaud, 38 ans, est un homme pressé qui, depuis longtemps, travaille à un objectif bien précis : devenir maire d’Alès, ville où il est né.
Une pétition contre Ceausescu
Fils unique d’un psychologue scolaire et d’une orthophoniste, il évolue dans une famille de gauche. « A table, la politique n’était pas un tabou », sourit-il.
Il a 5 ans quand Mitterrand entre à l’Elysée – « Je me souviens des cris de joie » – et 14 quand, avec ses parents, il fait signer une pétition pour le départ de Ceausescu sur le parking de Cora. « J’avais une correspondante roumaine, c’était mon premier acte de militantisme. »
Benjamin Mathéaud Scout chez les Eclaireurs unionistes de France – « les plus ouverts, une belle école de la vie » – amateur de BD, Benjamin Mathéaud passe sa scolarité à Alès, entre l’école Veigalier, le collège Jean-Moulin, le lycée JBD. Sa carrière se profile quand il part en fac de droit à Montpellier. Il se syndique à l’Unef et prend sa carte au PS.
« J’étais dans l’atelier de campagne de Jospin le soir du coup de tonnerre »
Pragmatique, il commence à tisser sa toile, fréquente les futurs barons du PS régional, comme Michaël Delafosse, et se rapproche des valeurs montantes parisiennes.
Après une parenthèse d’un an à Nîmes, il décroche un poste d’assistant parlementaire puis de chargé de mission auprès du député-maire du 10e arrondissement de Paris, Tony Dreyfus.
Il croise Benoît Hamont, Najat Belkacem, et s’implique dans la campagne présidentielle de Jospin en 2002. « J’étais dans son atelier de campagne le soir du coup de tonnerre (Le Pen qualifié au second tour, NDLR) ».
Première candidature
En 2004, le patron du conseil général gardois, Damien Alary, le rappelle au pays. Il lui propose de se présenter à une élection cantonale à Alès. Le canton est détenu par les communistes depuis 1967.
Mathéaud perd face à Suau (21 % au premier tour). Il retourne au Palais Bourbon comme assistant parlementaire du député William Dumas, puis se fixe à Alès en 2007.
Manger sur le pouce aux Halles
Là, avec sa femme Vanessa Bozec, une Bretonne rencontrée à Paris, il fonde une web-entreprise de soins cosmétiques. Elle met à profit ses talents de pharmacienne, lui gère les fournisseurs et le marketing. Le couple vit faubourg d’Auvergne.
Le samedi, Benjamin mange sur le pouce avec ses amis, aux Halles. Le dimanche, il aime chercher des champignons avec Vanessa, présidente de la société mycologique.
A l’attaque de l’appareil
Fort de son implantation et de ses réseaux, Mathéaud s’attaque alors à l’appareil socialiste. Il en devient vite le numéro 2 gardois. Après avoir soutenu Fabien Gabillon aux municipales de 2008, il décide de se présenter en 2014.
Les mois précédant les primaires socialistes à Alès sont marqués par une inflation de cartes d’adhérents dans sa section. Gabillon, candidat aux primaires, gronde puis se retire.
Mathéaud est critiqué. Mais lui tient bon. En octobre, il remporte les primaires face à Eric Muret sur un score sans appel (90 %), malgré une abstention conséquente.
Dans le vent
Entouré de jeunes geeks dans le vent, il veut incarner le renouveau. Il se donne l’image d’homme sérieux tant dans l’apparence (tenue soignée, coiffure disciplinée) que dans le discours.
Il n’hésite pas à poursuivre en justice le maire pour une blague qu’il juge injurieuse et réclame plus de transparence. En mars, il jouera gros.
Comme tous ceux qui ont mis beaucoup d’énergie dans un objectif précis. En politique, l’élection est d’abord une affaire d’ambition.